La pédagogie et le jeune public vissés au cœur, le MAIF Social Club jette la lumière sur ceux qui ne veulent plus se fondre dans le décor. La nouvelle exposition collective du lieu, Faisons corps, passe par nos identités corporelles pour connecter mille sujets de société.

Les instruments de musique sont des corps vibratoires dont il faut prendre soin, tout comme les larmes. Avec Ilimb, l’essence des pleurs, une exposition à la fois visuelle, olfactive, auditive et tactile, Myriam Mihindou réactive ces vertus cathartiques au cœur du Musée du Quai Branly où sommeille une collection de harpes Ngombi. L'artiste nous transmet jusqu’aux dernières traces d’eau et de sel versées par les pleureuses punu du Gabon qui accompagnent l’âme du mort.

Au moment où nos agriculteurs manifestent pour sortir de l’asphyxie, l’exposition Artistes et Paysans. Battre la campagne, regroupant pas moins de 150 œuvres, met à jour les liens qui, du XIX^e siècle à aujourd’hui, se tissent entre les artistes et les paysans, et qui souligne l’engagement de ces deux corps sociaux contre un modèle libéral mortifère.  

De la rue au WC, il y a de l’art dans ces murs croulant sous les stickers. Immense patchwork insurrectionnel, l’exposition Salut à toi fête 40 ans d’amitié artistique entre l’Antre Peaux et les Béruriers Noirs, monument punk français que l’histoire retient pour ses chansons vindicatives et ses ennuis avec la police.  

Elles sont partout autour de nous, évidentes, et pourtant peu d’entre nous considère les couleurs à leur juste titre : un phénomène versatile qui construit notre rapport physique et mental au monde. Du bout de son objectif, la photographe Jessica Backhaus sonde leur pouvoir jusqu’à les faire sortir de l’image. Son exposition Nous irons jusqu’au soleil présente deux séries qui se jouent de nos perceptions si bien éduquées.

Dis-moi comment tu t’occupes de tes « malades mentaux », je te dirai quelle société tu es. À ce compte-là, la France friserait la barbarie. L’hôpital psychiatrique est en crise, le ministère de la Santé fait le mort. Il faut chercher du côté des centres d’art – le Palais de Tokyo en l’occurrence – pour faire la lumière sur la « psychothérapie institutionnelle ». Une approche anticarcérale de la maladie mentale qui sent bon la révolution à plus grande échelle.

De la pantalonnade baroque au music-hall néo-dadaïste, la compagnie du Zerep — du nom de sa taulière, Sophie Perez — dynamite depuis 1998 les bonnes manières du théâtre contemporain. Condensé de déconnade survoltée dans un décorum de freak show, La meringue du souterrain atteint l’acmé du tragicomique.

Ça aurait pu être le récit habituel d’un gamin noir de banlieue, de ses parents tradi, de ses racailles de copains, et de sa sœur studieuse déterminée à s’extraire du ghetto par la magie de la méritocratie. Mais cette fable-là, celle qui fantasme une société qui n’existe pas, l’auteure et metteure en scène Eva Doumbia n’y prête même plus attention, assez occupée à représenter le quotidien bien réel des humains qui l’entourent.

Dans cette pièce-déflagration que signe Maguy Marin en 2004, une tempête s’abat sur le plateau de danse. Vingt ans plus tard, elle ne perd rien en puissance et nous hurle aux oreilles : ça urge.

Blush, highlighter, perruques, scotch : pour Les Idoles, se grimer est une philosophie de vie. Contre vents et marée, atrocités et propagande, le duo de performeuses éprouve la volatilité du moi et de ses apparences dans Reface, tout en partageant ses astuces make-up.